De nos jours, la question de l’égalité entre les femmes et les hommes est plus présente que jamais. Parmi les nombreux enjeux soulevés par cette problématique, il y a celui de la langue française et de sa grammaire, qui ont été critiquées pour leur héritage sexiste. C’est dans ce contexte que l’écriture inclusive a fait son apparition, provoquant débats et controverses. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les différentes facettes de cette nouvelle forme d’expression, qui cherche à promouvoir l’égalité entre les genres en modifiant notre façon de communiquer.
Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?
L’écriture inclusive est une méthode linguistique ayant pour but d’inclure les deux genres (féminin et masculin) dans la communication écrite et orale. Elle se base sur plusieurs principes :
- Le doublage des noms, qui consiste à mentionner aussi bien le féminin que le masculin pour un même terme. Par exemple, au lieu de dire « les étudiants », on dira « les étudiantes et les étudiants ».
- La neutralisation du genre, qui vise à utiliser des termes ou des tournures neutres, ne faisant référence ni au masculin ni au féminin. Exemple : « chacun·e ».
- L’accord de proximité, qui consiste à accorder le genre et le nombre des adjectifs en fonction du substantif le plus proche. Par exemple, on écrira « les femmes et les hommes sont belles ».
- Enfin, l’écriture épicène, qui utilise des mots englobant les deux genres sans distinction. Exemple : « la clientèle » au lieu de « les clients et les clientes ».
Des exemples concrets de l’écriture inclusive
L’écriture inclusive se caractérise ainsi par une volonté de représenter équitablement les genres dans la langue, évitant ainsi une éventuelle invisibilisation du féminin. Elle se manifeste de plusieurs manières.
Tout d’abord, il y a le « point médian » qui permet de féminiser et masculiniser un mot simultanément : par exemple, « étudiant·e·s » englobe à la fois les étudiants et les étudiantes.
De même, le mot « iel » est parfois utilisé comme un pronom neutre pour désigner une personne sans préciser son genre, offrant ainsi une alternative aux traditionnels « il » ou « elle ».
Dans le même esprit, on peut remplacer « Madame » ou « Monsieur » par « Mx » dans les formules de politesse.
Enfin, pour les listes, il est recommandé d’alterner entre féminin et masculin, comme dans « les actrices et acteurs », au lieu de la forme plus traditionnelle « les acteurs et actrices »
Des exemples de phrases pour mieux comprend l’utilisation de l’écriture inclusive :
voici une liste de phrases en version « traditionnelle » et leur équivalent en écriture inclusive :
- Traditionnelle : Les étudiants doivent rendre leurs devoirs demain.
Inclusive : Les étudiant·e·s doivent rendre leurs devoirs demain. - Traditionnelle : Chaque enseignant préparera sa leçon.
Inclusive : Chaque enseignant·e préparera sa leçon. - Traditionnelle : Les acteurs principaux du film seront présents.
Inclusive : Les acteur·rice·s principaux·ales du film seront présents·es. - Traditionnelle : Le directeur a annoncé la nouvelle.
Inclusive : Le directeur·rice a annoncé la nouvelle. - Traditionnelle : Les français sont connus pour leur gastronomie.
Inclusive : Les français·es sont connu·e·s pour leur gastronomie. - Traditionnelle : Le candidat idéal possède cinq ans d’expérience.
Inclusive : Le·la candidat·e idéal·e possède cinq ans d’expérience. - Traditionnelle : Les auteurs de ce livre sont talentueux.
Inclusive : Les auteur·e·s de ce livre sont talentueux·ses. - Traditionnelle : Madame Dupont est la présidente de l’association.
Inclusive : Mx Dupont est le·la président·e de l’association.
Les objectifs visés par cette pratique
L’écriture inclusive a pour but de suivre trois objectifs principaux :
- Favoriser l’égalité entre les sexes en s’attaquant aux stéréotypes de genre ancrés dans notre langue et nos habitudes linguistiques.
- Rendre visible la diversité des personnes, en montrant que les femmes sont aussi présentes et actrices dans la société au même titre que les hommes, et qu’il est important de les inclure dans notre communication.
- Permettre une meilleure identification et appropriation des discours par toutes et tous, indépendamment de son genre.
La lutte contre les stéréotypes de sexe
Nombreux sont ceux qui considèrent que la langue française véhicule implicitement des stéréotypes de sexe. En effet, comme le dit l’adage : « la masculin l’emporte toujours sur le féminin ». Cela signifie que lorsqu’on parle d’un groupe composé d’hommes et de femmes, c’est le genre masculin qui prend le dessus. L’écriture inclusive cherche donc à mettre fin à cette hiérarchisation implicite en incluant systématiquement les deux genres, ou en optant pour une forme neutre.
Les critiques et les résistances face à l’écriture inclusive
Malgré ses objectifs louables, l’écriture inclusive ne fait pas consensus, et de nombreux arguments sont avancés contre elle :
- La complexité qu’elle engendrerait dans l’apprentissage et la maîtrise de la langue française.
- Le caractère artificiel de certaines formes issues de cette pratique, jugées peu esthétiques ou difficiles à utiliser oralement.
- L’importance de préserver les traditions culturelles et linguistiques, bien que ces traditions soient parfois genrées.
Du côté des institutions, on observe également une certaine réserve. Ainsi, l’Académie française a déclaré en 2017 que l’écriture inclusive constituait une « abdication » face aux évolutions sociétales, tandis que le gouvernement français interdit son usage dans la fonction publique.
Pour aller plus loin
Des alternatives et des compromis possibles ?
Face au débat entourant l’écriture inclusive, certain·e·s proposent d’autres approches pour promouvoir une communication égalitaire pour leur ligne éditoriale:
- Utiliser davantage l’écriture épicène, en misant sur des termes et constructions existants qui ne marquent pas de distinction entre les genres.
- Employer le féminin générique, en renversant la logique traditionnelle qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin. Cela reviendrait à considérer que le féminin englobe également le masculin.
- Sensibiliser au sexisme dans la langue par des actions éducatives et de communication, sans nécessairement adopter toutes les règles de l’écriture inclusive.
- Enfin, adapter au contexte, en utilisant par exemple une écriture inclusive simplifiée – privilégiant le doublage des noms ou l’utilisation de mots neutres – pour rendre les textes plus accessibles.